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REVUE SUISSE

ZOOLOGIE

REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE

ANNALES

DE LA

SOCIÉTÉ ZOOLOGIQUE SUISSE

ET DU

MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE GENÈVE

PUBLIÉES SOUS LA DIRECTION DE

Maurice BEDOT

DIRECTEUR DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE AVEC LA COLLABORATION DE

MM. les Professeurs E. Béranecx (Neuchâtel), H. BLaxc (Lausanne), O. Funrmaxx (Neuchâtel), T. Sruper (Berne), E. Yuxc (Genève)

et F. ZscuokkE (Bâle).

TOME 25

Avec 8 planches

* U Tr T [7 À À V E GENEVE

IMPRIMERIE ALBERT KUNDIG

1917

17:

TABLE DES MATIÈRES

Pexarn, E. Observations sur quelques Protozoaires peu

connus ou nouveaux. Avec les planches 1et2 . . . Greurer, À. Beiträge zur Systematik der Gastrotrichen in dérorhweiz Hiezu afeléund;4 2.3. 5, 00: Decacaux, T. Cladocères de la région du lac Victoria NAN ZA PNVEC 2 ID RLresS EN EE NE STÂGER, R. Beitrag zur Kenntnis stengelbewohnender IMEISeRANITeROCAWEIZE Se APTE ATEN, Benor, Me Le genre Arfennellas y... 7. Baumanx, F. Batrachier aus Süd-Amerika . . . Û

Ris, F. Libellen aus Deutsch-Ostafrika und Lande à Mewzez, R. Zur Kenntnis der freilebenden Nematoden- Sabu 0 plodirrus vs Dada er NE er, STEFANSKI, W. Sur les races de Trilobus gracilis Bast. ANDRÉ, E. Contribution à l’étude de la faune helmintho- le de ARSINSSeT AU EE er PEN AS 0 Te Runix, E. Die Ichthyotaenien der Reptilien. Hiezu Tafel 5-7 de 20 extioirens., Cana Tone Qu. Car, JS. Spirostreptides nouveaux ou peu connus du Muséum deffreneve. Avec 26 figures LP SNA Wazrer, C. Schweizerische Süsswasserformen der Halaca- PandenaMat AS Piguren: 44 22 LORRAINE ZscuokKkE, F. Dibothriocephalus parvus J. J. W. Stephens. Eper, L. Eine neue Schweizer Helicide. Hiezu Tafel 8. . PenarD, E. Le genre Lorodes. Avec 12 figures. . . . Table des matières contenues dans les 25 premiers volumes de la Revue suisse de Zoologie + . . .

Pages

TABLE DES AUTEURS PAR

ORDRE ALPHABÉTIQUE

Axoré, E. Contribution à l'étude de la faune helmintholo- gique de la Suisse. :

Baumaxx, F. Batrachier aus Süd-Amerika

Bevor, M. Le genre Antennella

CarL, J. Spirostreptides nouveaux ou peu connus du Muséum de Genève. , SA AAIES ET e :

Deracnaux, Th. Cladocères de L région du lac Victoria Nes

Eper, L. Eine neue Schweizer Helicide ER

Greurer, A. Beiträge zur Systematik der Gastrotrichen in der Schweiz TE $ SE - AR Tr re

MExzez, R. Zur Kenntnis der CS de Nénatodeiratiée Hoplolaimus v. Daday

Pexarp, E. Observations sur quelques Protozoaires peu con- nus ou nouveaux

Le genre Loxodes . : FRS Ph £

Ris, F. Libellen aus Deutsch- Ocifiks und RENE

iunix, E. Die Ichthyotaenien der Reptilien. £ -

STÂGER, R. Beitrag zur Kenntnis stengelbew Ferre Amei- sen in der Schweiz AR PAU 4

STEFANSKI, W. Sur les races de Trilobus gracilis Bast

Warrer, C. Schweizerische Süsswasserformen der Halaca- riden É RTS

ZscHokkeE, F. Didier hohe Mel W. idees :

REVUE SUISSE DE ZOOLOGIE Vol. 25, 1. Avril 1917.

Observations sur quelques Protozoaires

peu connus ou nouveaux

PAR

E. PENARD 1

ee pee

Avec les planches 1 et 2.

Décrire un organisme nouveau sur le vu d’un seul exem- plaire n’est pas sans un certain danger ; et quand cet organisme est une Amibe, presque toujours mieux vaudrait s'abstenir. Mais il est des cas spéciaux la description a sa raison d’être; c'est lorsque l’organisme en cause, tout en présentant des ca- ractères bien nets, a pu être suivi, examiné, un temps assez long pour que, lorsqu'on le retrouve, on puisse le reconnaître sans trop de difliculté.

C’est avec de telles garanties que je puis décrire lAmæba luminulum, et cela avec d'autant moins d’hésitation que, s'il ne m'a été possible d'étudier d’ailleurs trois heures durant et sans interruption qu'un seul individu actif et bien portant, il s’en est tout au moins rencontré un autre, apathique, malade et inerte, mais en tout cas conforme au premier dans sa structure générale.

Cette Amibe ou bien n'est-ce pas autre chose, un genre

Rev. Suisse DE ZooL.-T. 25. 1917. il

2 E. PENARD

qu'il conviendrait de créer? s’est montrée dans la Mousse très courte qui recouvrait le pied d’un Saule, à Troinex, non loin de Genéve.

C'est une petite perle, une larme, presque brillante, de 60 w de longueur, larme vivante qui va droit son chemin, se dé- formant, s'arrondissant ou s’allongeant très lentement, lançant parfois devant elle ou surses bords un lobe large et clair. Jamais on n’y voit paraître de prolongements suflisamment caractérisés pour qu'on puisse leur appliquer le terme de pseu- dopodes. Dans sa course, elle reste très compacte, ne s’aplatit pas autant que le font les Amibes en général, et une coupe transver- sale en donnerait partout une figure plus ou moins arrondie.

Le corps proprement dit est tout entier recouvert d’une véritable pellicule, incolore montrant par moment un reflet doré, très mince mais à double contour nettement marqué, extrêmement résistante, et l’on ne voit par trace de rides et de plissements, tels qu'on les remarque par un exemple dans Amaæba terricola.

Cette sorte de sac délicat, et clos de toute part. empri- sonne un plasma grisâtre, renfermant des myriades de mi- celles ou petits grains de moins de 14, puis des parcelles plus volumineuses mais très petites encore, qui représentent sans doute des débris de nourriture. Autour du noyau, ce plasma est plus clair; plus clair aussi dans les lobes ou prolongements que l'animal déploie devant lui.

Au sein du plasma, tantôt au centre, tantôt plus ou moins en arrière par moments en avant, se voit un gros noyau rond, à nucléoles nombreux répartis sans régularité sous la membrane nucléaire.

La vésicule contractile est grande et bien nette. En fait, il y en a deux plutôt qu'une. En effet, l'individu examiné montrait tout d'abord, près de son extrémité postérieure, trois vacuoles, qui se réunirent bientôt en une seule ; puis, plus tard, il s’en lorma une seconde, celte fois à la partie antérieure, et les choses restèrent telles jusqu'à la fin, les deux vésicules fonc-

Uionnant à intervalles réguliers, indépendamment l'une de

PROTOZOAIRES 3

l'autre, et se vidant, non pas d’un jet brusque comme c'est presque partout le cas, mais lentement, comme avec difficulté, sans repousser la pellicule tenace qui les enserrail, et que le liquide expulsé traversait on ne sait trop comment.

Tel qu'il vient d’être décrit, ce petit organisme ne semble rien montrer de très spécial; on y reconnaitrait simplement une Amibe adaptée à la vie dans les Mousses, et qu'un revêtement particulièrement tenace doit aussi particulièrement protéger. Mais il est deux éléments qui semblent en faire quelque chose à part : la pellicule etle noyau.

La pellicule est une véritable enveloppe ; on ne peut plus ici l’envisager, comme par exemple dans Amæba terricola, comme faisant partie intégrante du corps et représentant lec- toplasme durei à sa surface ; c’est, plutôt, un produit d'excrétion auquel on serait même tenté, eu égard aux reflets dorés qu'on y voit parfois se produire, de supposer une nature chitineuse : etcette pellicule, qui montre un double contour bien net, est séparée de l’ectoplasme vrai par un intervalle réel, une marge claire, très étroite, mais nettement distincte, que remplit un liquide incolore fig. 2).

Il serait intéressant, dans cette Amibe pourvue en définitive d’une enveloppe close de toutes parts, d'assister à la capture d’une proie; sans doute faut-il supposer que les choses se passeraient comme dans l'Amæba terricola ; il y aurait inva- gination de la pellicule, puis formation d’un sac interne qui se dissoudrait de lui-même au sein du plasma.

Quant au noyau, ce n'est pas dans sa structure qu'il montre rien de particulier, mais dans son activité spéciale : il tourne, tourne indéfiniment sur lui-même, comme la terre sur son axe, longtemps dans le même sens, disons de l’est à l’ouest, puis tout d’un coup le mouvement se renverse, le noyau se met à tourner de l'ouest à l’est, ete. Pendant les trois heures entières qu'a duré l'examen, le noyau a tourné, faisant en moyenne une révolution par minute, mais d’une course plus lente ou au con- traire plus rapide suivant l'activité plus moins prononcée de l'animal.

1 E. PENARD

Cette rotation n’est pas une chose inconnue ; on la constate normalement dans les Gromies (Gromia, Lieberkühnia), le noyau se conduit à peu près de même façon; mais là, c’est le plasma tout entier qui se déplace, et tourne avec entrecroise- ment de courants ; le noyau y subit un frottement dirigé en sens inverse sur ses deux faces opposées, et se comporte com- me une boule qu'on roulerait entre ses mains; tandis que dans l'Amibe qui nous occupe, ces courants semblent manquer, et bien que mon attention ait été dirigée tout exprès sur ce point spécial, il ne m'a pas été possible de voir autre chose qu'un plasma relativement au repos.

Longtemps j'ai espéré la rencontre d’un second individu en pleine activité, mais mon espoir a été vain. J'en ai revu un second exemplaire, ilest vrai, conforme au premier dans ses caractères généraux, mais apathique, inerte, malade ou peut- être mort, et dans lequel, naturellement, le noyau n'avait pas

lieu de tourner.

AmϾba anthyllion Magoi.

(ENS RMS AMIE 207)

Dans un mémoire datant de 1868, et consacré aux Proto- zoaires vivant sur les Mousses des arbres, MAGar décrit une petite Amibe dans les termes suivants 1:

«<Amaæba anthyllion n.sp.{fig.l). Protoplasma fluidissimo, con globuli gialli e rossi nellendoplasma. Pseudopodi sem- pre anteriori, larghi, in numero di 1 a 2. Una vescicola con- trattile. Un nucleolo-nucleato. Movimenti lenti. » Si nous ajoutons les trois lignes suivantes : CUn’Amæba, che io vidi finora solamente sopra questi muschi, costituita da protoplasma Muidissimo, con globuli gialli e rossi nell'endoplasma, imite- rebbe un microscopio fiorellino (Amæba anthyllion n. sp.) » que nous retrouvons dans le texte du mémoire, et si nous nous

reportons à la figure minuscule que l’auteur consacre à cette

? Rendic. R. Istit. lombardo (2), Vol. 21, Fase. 6, p. 9, 1888.

PROTOZOAIRES te)

espèce, nous aurons tout ce qui a été dit de ce petit orga- nisme, dont personne ne s’est plus occupé depuis.

Je n’éprouve aucune hésitation, cependant, à identifier à cette À. anthyllion de MAGGr une Amibe que j'ai trouvé de temps à autre aux environs de Genève, toujours dans la Mousse qui couvrait soit les troncs des arbres, soit les vieux murs.

Cette Amaæba anthyllion, 1 faut dès maintenant le dire, se présente sous deux formes totalement différentes lune de l'autre, et que nous envisagerons séparément.

Dans la première de ces formes (fig. 8), nous avons devant nous une petite masse ovale, que l’on comparerait volontiers à une gouttelette de rosée, dans laquelle seraient noyés, sur un fond rouge de feu, des petits grains jaunes, verts, et grenat; ou bien, si l’on veut, à une larme de cristal très pure, qui renfer- merait des émeraudes, des rubis et des topazes ; larme vivante qui va droit devant elle, ou change de direction sans trop se déformer. Elle mesure de 20 à 50% en longueur, rarement moins et assez souvent un peu plus, mais la partie plus com- pacte du corps, celle qui renferme les grains colorés, ne con- stitue guère plus de la moitié de cette longueur même. Le reste, en arrière, sur les côtés et surtout en avant, figure une bordure parfaitement incolore, tres pure, l’ectoplasme, dans laquelle ne pénètre aucune granulation visible.

Le petit être semble se déplacer tout d’une masse, mais en l’examinant sous un fort grossissement, on voit, dans son ecto- plasme relativement très fluide, se succéder coup sur coup des vagues concentriques, qui vont mourir contre la paroi interne de la pellicule d’enveloppe, en la poussant quelque peu devant elles.

Il yalà,eneffet, une véritable enveloppe, extraordinairement fine et pâle, plastique, à double contour, et que dans certains cas On peut réussir à isoler. Cette pellicule, incolore ou plutôt d’un blanc mat, n’est pas lisse et brillante comme par exemple dans Amæœbaterricola, mais revêt une apparence cendrée, toute particulière ; et cette apparence est due à de fines dentelures,

dont chacune correspond à une petite saillie, à un prolongement

6 E. PENARD

minuscule {moins de 1), qui avec des myriades d’autres cou- vre l'Amibe entiere.

L'endoplasme est cendré, et renferme en nombre immense des grains extraordinairement petits, de 1/24 à peine, d'un rose clair doré, etqui tous ensemble donnent à l’animal cette teinte spéciale et très pure que les peintres appellent garance rose. En outre, nous trouvons des grains plus gros, verts, jaunes el rouges : les premiers manquent quelquefois, mais quand ils existent, On n'a pas de peine à y reconnaître des particules végé- tales arrachées aux Mousses, grains de chlorophylle ou Algues minuscules ; les grains jaunes, plus fréquents sinon plus nom- breux, dérivent à leur tour des grains verts, et les grains rouges n'ont pas, eux non plus, une autre origine, et représen- tant le produit ultime de la transformation des éléments chloro- phyiliens. Ce sont, en définitive, des produits d’excrélion ; et en effet, l'animal s’en débarrasse, ou en tout cas j'ai pu m'en assurer sur des individus isolés en chambre humide ces grains peuvent disparaître d’un jour à l’autre ; mais lPAmibe semble en garder toujours au moins quelques-uns pour elle.

Tres souvent, ces particules colorées se fusionnent à deux, trois, quatre, etc., et forment un grain tres gros et tres foncé : d’autres fois, au contraire, elles s’émiettent en pousssière, et fournissent ainsi ces myriades de granulations rosées qui donnent à l'animal sa teinte caractéristique.

ILest très rare, par contre, de rencontrer des albinos, des individus que rien ne colore ; mais j'ai pu quelquefois m'assurer de leur existence, et peut-être n°’v avait-il que des animaux absolument à jeun.

Le noyau est arrondi ou ellipsoïdal (fig. 9), assez déforma- ble, et possède une membrane bien nette, recouvrant une masse grisètre, compacte ou parfois creusée d’une vacuole interne. Sur des exemplaires traités par le carmin, j'ai trouvé un jour celle masse pourvue à son intérieur de quelques grains colorés plus vivement que le reste du noyau, et qui peut-être représentaient les nucléoles vrais.

Un rencontre quelquefois des individus pourvus de deux

= 4

PROTOZOAIRES

noyaux, et alors, ils sont presque toujours de taille relative- ment forte. Ilest très probable que le fait doit être attribué à la fusion de deux individus en un seul.

La vésicule contractile est unique, bien nette, et fonctionne avec activité. On la voit toujours à la partie postérieure de l’ani- mal.

Si nous passons maintenant à la seconde forme sous laquelle se montre l'Amæba anthyllion, bien loin de retrouver cette petite goutte délicate de rosée vivante et toujours en marche, nous avons devant nous une masse rougeàtre, pâteuse, lourde, à déformations extraordinairement lentes, à activité presque nulle (fig. 3).

D'un volume presque toujours un peu plus considérable que dans la forme première, et qui peut atteindre 70 y, cette nouvelle Amibe estrevêtue ici encore de l'enveloppe ou pellicule spéciale dont il a été question plus haut, mais plus épaisse, moins délicate; il est facile, par écrasement brusque, d'isoler cette sorte de peau après l'expulsion du contenu.

Dans le plasma, nous retrouvons les granulations rouges minuscules, puis les vertes et les jaunes généralement beaucoup moins abondantes, et, en plus grand nombre, les grains rouges dont certains se réunissent à deux, quatre, jusqu’à 12 et plus encore, formant d’abord une sorte de «morula » (fig. 3), puis se fusionnant en un seul grain compact très foncé, un «œil» pour ainsi dire, dont la présence est si habituelle qu'on serait tenté de le prendre pour un élément physiologique, comparable à la tache rouge des Euglènes. Quelquefois il v a deux de ces « yeux », ou bien un seul très gros et d’autres plus petits.

Le noyau est identique à celui que nous venons de décrire ; mais, beaucoup plus souvent que dans la forme premiere, lAmibe peut être binucléée (fig. 3), et même, dans les gros individus, le fait est devenu la règle. Ces deux noyaux se voient la plupart du temps éloignés lun de Fautre, mais bien souvent aussi on les trouve rapprochés, même accouplés, mais sans fusion véritable ; quelquefois aussi l’un des deux est

plus petit que son compagnon, comme s'il provenait lui-même

S E. PENARD

d'un individu de faible taille qui se serait réuni à un autre plus volumineux.

Et tel doit être le cas en effet. À différentes reprises, j'ai rencontré des individus soudés, entortillés pour ainsi dire lun dans l’autre, et si bien qu’il était impossible de délimiter leurs contours respectifs. Ils restaient de longues heures enlacés fig. 10, et parfois paraissaient s'être enfin fusionnés complè- tement en un seul. Il faut le dire, jamais je n'ai pu assister à une fusion complète, et dans chaque expérience, les animaux se sont séparés sous l'effet d’une pression considérable du couvre-objet; mais néanmoins ilne me reste guère de doute; la fréquence des rapprochements était trop grande, laccolement trop tenace pour qu'il y eût rapprochement fortuit ; et puis, le fait que les individus binucléés sont presque toujours de forte taille, et que les deux noyaux différent fréquemment et consi- dérablement de volume, est de nature à confirmer une fusion véritable.

Chose bien curieuse, dans cette seconde forme, l'animal semble privé de vésicule contractile ; j'en ai examiné sous ce rapport plus de 60 exemplaires, j'en ai suivi cinq ou six des heures durant, et toujours cet organe a fait défaut. Or toutes les Amibes vraies possèdent une vésicule contractile, et cette exception serait bien curieuse ici, en même temps que ce carac- tère négatif suffirait à indiquer un organisme différent de l’Amæba anthyllion; mais il faut se rappeler que dans toute la série des Protozoaires, l’activité de la vésicule contractile est en raison directe de l’activité de lanimal tout entier ; et sous celle forme compacte et pâteuse, notre Amibe est parmi ses congénères la plus paresseuse qu’on puisse imaginer. Des heures entières, elle reste pour ainsi dire inerte, sans change- ments notables dans ses contours ; quelquefois, elle happe lentement une petite proie, Algue minuscule, Conferve ou autre, S'incorpore la chose après invagination de sa pellicule d’enve- loppe ; plus souvent, on la voit moulée paresseusement sur un brin de Mousse. s allongeant à peine, ou quittant très lentement

SON appui pour se ramasser sur elle-même et rester endormie.

PROTOZOAIRES 9

Entre cette lourde Amibe, paresseuse, d’un rouge sale, sans contour précis, et le petit organisme si actif dontila été question tout d’abord, la différence est très grande. Malgré les traits communs, enveloppe, plasma, noyau, colération rouge, on croirait avoir affaire à une forme nettement distincte.

Mais tel n’est pas le cas; on trouve par-c1, par-là des formes de passage, à caractères indécis, (fig. 4); et je suis arrivé à la conviction que la forme petite, rapide, élégante, est celle des animaux jeunes, qui plus tard deviendront lourds et massifs. Mais peut-être ne faudrait-il pas trop généraliser ; les petits indi- vidus peuvent être massifs et inactifs, et J'en ai vu d’assez gros courir prestement; etpourexpliquer ces cas exceptionnels, ilnous faut prendre en considération les phénomènes d’enkystement.

Les kystes de l’Amæba anthyllion (lig. 20) se rencontrent assez fréquemment dans les Mousses que l’on vient de détacher

rrands froids.

d'un mur en temps de sécheresse ou par les e

Tout d’abord, c’est eux seuls que l’on voit ; puis les petites Amibes commencentà faire leur apparition, en même temps que les kystes deviennent moins nombreux.

Ce sont des sphérules parfaites, de 21 à 25 de diamètre, à l’intérieur desquelles se distingue une masse centrale rou- geâtre. Celte masse centrale estidentique dans sa composition à ce que nous avons vu dans les petites Amibes: des grains verts, Jaunes et rouges, mais surtout des rouges, et souvent l’on y trouve le gros Cœæil» foncé caractéristique. La petite masse centrale rouge semble être munie elle-même d’une membrane propre ; le protoplasme s'y est durei en une couche protectrice incolore ; et tout cela constitue une sphère centrale séparée de la paroi du kyste vrai par une zone annulaire liquide. Quant à la membrane proprement dite du kyste, elle est forte, incolore, un peu rugueuse, mais elle n’est pas chilineuse comme dans les kystes en général; on y reconnait, plutôt, un protoplasme durei, et en fait, ce n'est autre chose que la pellicule, un peu épaissie, rigide et distendue, de PAmibe elle-même, à l'intérieur de laquelle le plasma s’est rétracté.

Quoi qu'il en soit, cette sphérule revêt l'apparence normale

10 E. PENARD

d’un kyste vrai, et l'on s’attendrait volontiers à voir ce kyste se déchirer pour laisser sortir l'animal ; mais il n'en est rien : lorsque l'Amibe se prépare à reprendre son activité, cette enve- loppe spéciale se plisse, se ramollit, se fond, pour ainsi dire, dans le plasma qui l'avait rejointe en s'étalant, et redevient partie intégrante de l'individu. À ce moment, on a sous les yeux une petite masse à déformations lentes, une Amibe véri- table, qui s'allongera bientôt, se munira d'une vésicule con- tractile, et deviendra l'une de ces petites gouttelettes à rubis dont il a été question plus haut (fig. 11).

Telles sont du moins les conclusions auxquelles m'ont amené des observations souvent répétées ; mais, il faut le dire, il ne m'a pas été possible de suivre, dans tous ses détails, la succession des événements sur un seul et même individu; et jai n'en rapporter, pour les déductions générales, aux ob- servations faites sur de nombreux exemplaires aux différentes phases de leur évolution.

Amæba radiosa Dujardin, 1. p. (Fig. 5à7,21)

Au mois de juillet de 1916, l’on trouvait en abondance, dans une petite tourbière à Sphagnum des environs de Genève (Va- lavran, un Copépode appartenant au genre Canthocampus. C’est presque exclusivement sur les soies caudales des Cantho- campus que se fixe le Lagenophrys vaginicola, cet Infusoire péritriche muni d'une enveloppe ou capsule chitineuse dans laquelle l'animal n'occupe qu'une place restreinte, et qu'il peut ouvrir ou fermer à volonté.

Beaucoup de ces Lagenophrys montraient alors des phéno- mèenes de reproduction, soit que l'Infusoire produisit par divi- sion simple un nouvel individu à couronne ciliaire, destiné à être expulsé par l'ouverture de la capsule et à se porter ailleurs, soit que l’on vit nager, dans l'espace libre laissé à l'intérieur de cette capsule elle-même, un ou plusieurs de ces petits em- bryons ciliés ou microgamètres caractéristiques des Péritriches et destinés à la copulation.

PROTOZOAIRES 11

Mais dans quelques-uns de ces Lagenophrys, on voyait autre chose encore : une grosse masse en forme de cœur (fig. 5), appliquée au corps même de l’Infusoire et-paraissant continuer ce dernier en arrière, mais se distinguant de l'animal tant par la teinte un peu plus sombre de son plasma que par la réfringence plus forte de ses bords.

Dans cette grosse masse cordiforme, on ne reconnaissait le plus souvent ni vésicule contractile, ni noyau, mais simplement un plasma relativement homogène, ou plus ou moins rempli de granulations. Quelquefois, cependant, se montraient de petites vacuoles, qui finissaient par se réunir en une seule plus grande ; cette dernière se vidait enfin, et fonctionnait en somme comme une vésicule contractile à activité très ralentie.

Soumettant alors à l'observation quelques-uns des ZLageno- phrys affectés de ce parasite spécial une douzaine en tout ont été étudiés, qui sont restés en chambre humide pendant un temps variant de 24 heures à 6 jours je ne tardai pas à re- connaitre que les événements pouvaient se poursuivre dans deux directions diamétralement opposées :

1) ou bien l’Infusoire, affaibli tout d'abord, obstinément ramassé sur lui-même dans l’intérieur de son enveloppe fermée, finissait pourtant, après un jour ou même deux, par reprendre vie, etle parasite, diminuant peu à peu de volume, réduit enfin à l’état d’un bouton à peine perceptible, était absorbé par le Lagenophrys qui reprenait vie et activité ;

2) ou bien et c'était le cas le plus fréquent lavantage

restait au parasite, dont l’évolution se poursuivait alors, nor- malement!', de la manière suivante.

La masse cordiforme grossit lentemeut, extrait, pour ainsi

! J'appuie sur ce terme de normalement, parce que les choses peuvent se passer d'une manière un peu différente, anormale. Une de mes observations, par exemple, tendrait à montrer que les petits individus nés du parasite par division, abandonnent trop tôt leur hôte, errent de gauche et de droite, et, ne trouvant pas d'issue à l'enveloppe que tient fermée le Zagenophrys encore vivant, ne tardent pas à périr. J'ai vu, en tout cas, deux de ces petits individus avoir pareil sort; mais il est possible aussi que ce fussent non pas des produits de division, mais tout au contraire de petites Amibes venues du dehors, et qui n'avaient pas réussi à se fixer au Zagenophrys.

12 E. PENARD

dire, peu à peu tous les sucs de son hôte, et en même temps se remplit toujours plus de grains clairs, dont elle finit par être bourrée (réserve de nourriture, probablement) ; puis elle se divise en deux, en quatre masses de velume égal (fig. 6), véritables sacs pleins de ces mêmes grains clairs ; ces masses se serrent autour du Lagenophrys maintenant très réduit de volume, mais vivant encore et susceptible même de déployer au dehors son disque cilié. Cependant, la division se poursuit ; au lieu de 4 masses, on en a 8, 16, et jusqu’à 32 au maximum ; à ce moment, il n'y a plus de Lagenophrys ; 1 a disparu absorbé, et à sa place, on ne trouve plus qu'un paquet de parasites, comprimés les uns dans les autres et formant une masse unique divisée en compartiments polygonaux (fig. 7).

Enfin, dans un stade ultime, tous ces compartiments se dis- loquent, et les petits êtres qui formaient cette sorte de mo- rula se mettent à ramper au hasard, sous la forme d’Amibes tres petites du type «limax». Peu à peu, cependant, ces Amibes gagnent les unes après les autres l'ouverture maintenant béante à l’état de capsule vide, enveloppe des Lagenophrys est ou- verte) de la prison qui les renfermait, quittent lentement la place, déploient des bras très longs, et lon a devant soi, dis- persés sur la lamelle et plus souvent encore rampant sous le couvre-objet..…… des représentants typiques de lAmæba radiosa. Chacune de ces Amibes a sa vésicule contractile, son petit noyau, etles pseudopodes démesurément longs que l’on connaît dans deux ou trois au moins des formes réunies à tort sous cette même dénomination (fig. 21).

Ajoutons que dans cette petite Amibe à Pétat déployé, telle que la représente la fig. 21, si le corps lui-même ne mesure que de 15 à 18 y, ce chiffre arrive à 100 y si l’on y comprend les bras, c'est-à-dire la distance entre l'extrémité d’un bras et celle du bras diamétralement opposé.

Cette évolution, telle que nous venons de la rapporter, est assez lente à se faire ; l'individu particulièrement envisagé a mis du 18 au 21 juillet, soit 3 jours, pour passer de létat repré-

senté par la fig. 5 à celui que montre la fig. 21.

PROTOZOAIRES 13

Corycia radiata 3. M. Brown”. (Fig. 12 à 15, 17 et 18.)

En 1912, Browx a décrit une petite Corycie qu'ilavait trouvée dans les Mousses de différentes localités d'Angleterre et d’'Ecos- se, et dont on peut indiquer les caractères dans une traduction pure et simple bien qu'un peu libre des termes employés par l’auteur :

«Cette espèce montre les caractères généraux du genre, un corps protoplasmique enfermé dans une enveloppe en forme de sac largement ouvert sur la face ventrale. Elle diffère de Corycta flava, en outre de sa faible taille, surtout par les carac- tères de la région dorsale de lenveloppe. Comme dans cette dernière espèce, l'enveloppe peut être considérée comme con- sistant en deux régions, une portion supérieure ou dorsale (postérieure), rigide, à contour fixe, formée d’une membrane transparente et incolore, et qui passe graduellement à une por- Hon inférieure ventrale (antérieure), laquelle consiste en une pellicule beaucoup plus délicate, mince et transparente, très déformable et montrant toujours des plis et des ridements. Cette pellicule peut être largement ouverte par le bas, ou au contraire fermer complètement l’enveloppe en se repliant, et quelquefois méme elle semble être partiellement invaginée, Vue d’en haut, l'enveloppe est circulaire dans son contour. La face dorsale (postérieure) est limitée par deux rebords concen- triques circulaires, qui se dessinent comme des anneaux; et du point central de ce double cercle, sept (ou quelquefois huit) arêtes (lignes) vont en rayonnant rejoindre le rebord circulaire. Une vue de côté montre que la région dorsale, ou fond de Pen- veloppe, au lieu d’avoir la forme d'un dôme arrondi (comme dans Corycia flava), est très aplatie, ne s’élevant que de très peu vers le centre, et donnant à toute cette région la forme d’un

! A further contribution to our knowledge of the Rhizopods of Scotland. Scottish Naturalist, May 1912. p. 109.

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cône bas, du sommet duquel partent les 7 ou 8 arêtes radiales. Toutes les arêtes, circulaires et radiales, sont dues à un épais- sissement, une élévation, de la substance du test, et peuvent ètre comparées au rampart de C. penardi et aux cornes de C. coronata; leur présence ajoute naturellement à la rigidité de cette région de l'enveloppe. Ces arêtes ne manquent jamais, et donnent une apparence très spéciale à lenveloppe même vide.

«De larête annulaire extérieure et la plus ventrale, les bords latéraux de l’enveloppe descendent en une courbe plus ou moins régulière, se renflant légèrement tout d’abord, puis se rétrécissant el passant graduellement à la région ventrale phissée.

«Jamais aucune matière étrangère ne se voit sur une partie quelconque du test.

« Le corps protoplasmique est loin de remplir l'enveloppe, et on n'a pas observé d’épipodes. À l’état de repos, le corps lui-même a la forme d’une masse arrondie ou ovale de proto- plasma grisètre, contenant de nombreuses gradulations et de petites particules de nourriture, etrenfermant une ou plusieurs vacuoles. Le noyau est petit et ne se distingue pas toujours. Quelquefois le corps s’allonge et sort en partie par l'ouverture de l'enveloppe, comme une masse irrégulière, mais aucun pseu- dopode ne s’est montré. L'intérieur de ces individus en exten- sion était fortement vacuolisé. Les mouvements sont très lents.

«Taille petite, variant de 24 à 30 y en diamètre. »

Ayant eu l'occasion d'étudier cette petite Corycie, qui s’est rencontrée de temps à autre dans les Mousses des environs de Genève (Vessy, Onex, Arthaz et quelques localités encore), je crois être en mesure d'ajouter quelques détails à la description de l’auteur anglais.

L'enveloppe, parfaitement incolore en général, se voit ce- pendant quelquefois (sur les individus âgés) lavée à sa partie dorsale d’une teinte légérement jaunâtre.

Les côtes ou arêtes ravonnantes qui consolident le dôme

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dorsal sont le plus souvent au nombre de 7, mais on en peut trouver 6,8, et même, dans des cas très rares, jusqu à 10. Quant aux deux rebords circulaires dont parle BRrowx“, on peut dire qu'il n'en existe qu'un de constant ; le second, l'anneau externe, peut se voir en effet, et résulte d’un léger renflement de l'enveloppe ; mais très souvent on n’en trouve pas trace.

L'ouverture de l'enveloppe, comparée à ce que l'on connaît dans les autres espèces du genre, est relativement étroite. Sur le vivant, du reste, cette ouverture est normalement oblitérée par les plissements, ici particulièrement réguliers, de la pelli- cule à la face ventrale (fig. 17). Ces replis dessinent en général une véritable spirale, qui s’invagine, se creuse quelque peu vers un point central, la «bouche» ne figure plus qu'une petite lumière, ou mème reste complètement invisible ; et l’on peut alors, dans des cas extrêmement nombreux (trop nombreux même pour qu'on y puisse voir l’effet du hasard), constater à ce point central la présence d'un gros grain brillant, d’une particule amylacée, même parfois d’un fragment végétal, qui reste des heures durant sans être expulsé (fig. 14, 17). La Corycie, en fait, semble avoir bouché louverture de son enveloppe d’un tampon dont elle ne se débarrassera qu'en re- prenant son activité.

Cette activité, d’ailleurs, reste toujours très faible. Est-ce un fait normal dans la vie de la Corycie, ou bien cette der- nière se refuse-t-elle obstinément à toute démonstration spé- ciale dès qu’elle se trouve transportée sous le microscope ? C'est ce qu'il est difficile de préciser.

BRowx n'a pas vu de pseudopodes (cette masse irrégulière, fortement vacuolisée, dont il parle, qui sort partiellement de l'enveloppe, indique en fait, comme j'ai pu m'en assurer bien souvent, un animal malade ou déja mort), sans doute parce qu'il n’a pu observer qu'un nombre restreint d'individus, et il en faut cent pour qu'une chance favorable vienne à les montrer ; mais il peut y en avoir, et, dans une occasion spéciale —- la seule, d’ailleurs, ils se soient clairement présentés, j'ai pu les

examiner tout au long (fig. 12) : L'ectoplasme, clair, semi-liquide

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mais limité cependant par une couche durcie, sort lentement de l'enveloppe, en faisant si bien corps avec elle qu'il semble n'en être que la continuation ; puis on y voit déferler coup sur coup, venant de l’intérieur, des vagues ou lames de plasma clair, dont l’une ou l’autre se différenciera bientôt en un bras véritable, généralement court, parfois assez long, mat, dense, et quelque peu opalescent. Ce pseudopode se déplace alors lentement dans une direction ou une autre, et semble tâter prudemmentle débris de Mousse le plus rapproché.

Quelquefois, j'ai pu constater la présence des épipodes, lan- œuettes de plasma qui rattachent le corps mou aux parois de son enveloppe (fig. 17).

Le noyau, de 5 à 6 w en diamètre, est un peu variable de forme, subsphérique, ou bien allongé ou comprimé, quelquefois nettement ovoide. C’est une petite masse d’un bleu cendré, dépourvue en apparence mais sans doute en apparence seulement de membrane et renfermant un gros nucléole central. En général très peu visible, il est logé tout en arrière, non loin du fond de l'enveloppe, soit légèrement excentrique soit en plein centre, sous la pointe même du cône dorsal de celle-ci.

On voit toujours plusieurs vésicules contractiles, qui forment une couronne autour du plasma; le plus souvent, il y en a 3 ou 4 en évidence à la fois ; elles se vident brusquement, et sont lentes à se reformer.

La fig. 13 montre ce qu'il faut sans doule considérer comme un cas de division, tel qu'il s’en est présenté quelquefois. Les deux individus, le vieux et le jeune, se voient appliqués forte- ment l'un à l’autre par leur face ventrale plissée. Examiné par la tranche, le groupe rappellerait une double roue à large jante, ou, pour nous servir d’un terme de métier, un «double pneu ».

Cette jolie petite Corycie, qui mesure le plus souvent 26 w environ, (limites extrêmes 24 à 30 y, comme Browx l’a déjà constaté), est plutôt rare, mais, quand on la trouve, c'est géné- ralement en assez grande abondance. Elle affectionne les pe-

lotes de Mousse au bas des troncs d'arbres.

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Corycia tessellata n. sp.

(Fie:116,19/221et/23;}

Les Corvycies sont caractérisées par leur enveloppe en forme de sac largement ouvert par le bas; et ce sac, d'une finesse extrême à son bord libre, et susceptible sur la face ventrale (inférieure) de plissements très variés, devient plus épais, ou même parfois absolument rigide à la face dorsale, sur laquelle se dessinent, dans la plupart des espèces, divers orne- ments. arêtes ou veinules de renforcement.

Dans l'espèce que nous avons à décrire, les arêtes de renforcement sont à disposition radiaire, et dessinent sur la face dorsale de l’enveloppe une étoile le plus souvent à 5 rayons (rarement 4 ou 6), parfois très régulière (fig. 16), d'autres fois beaucoup moins évidente. D'ailleurs, plutôt qu'une étoile, on pourrait y voir une rosette, par le faitque chacun des rayons, après avoir parcouru tout droit un trajet assez long, s’épanouit par dichotomie en deux branches très écartées l’une de l’autre, et dont chacune va rejoindre, par son extrémité, l'extrémité même de l’un des rayons adjacents dichotomisé lui aussi. De la sorte se dessine sur enveloppe la figure d'une fleur à cinq pétales f.

Vues à un grossissement très fort, ces arêtes se montrent couvertes (ou composées ?) de petits grains bruns, taches de rouille minuscules, qui mettent les rayons en évidence ou aurait peine à les voir.

Ajoutons que, dans cette espèce, le dôme (face dorsale) de

1 C’est le dessin typique: mais, trop souvent, la régularité n'est pas telle qu’on peut la concevoir en principe, et l'on peut constater dans les rayons comme dans leurs bifurcations, un désordre plus ou moins apparent. Parfois aussi la dichotomisation s'effectue, mais les deux branches ainsi réa- ‘lisées s’écartent moins l’une de l’autre et s’allongent tout droit vers le bas. Peut-être même faudrait-il considérer le fait comme indiquant une variété distincte, C'est ainsi que dans deux stations différentes, tous les individus montraient cette dichotomisation spéciale, et par conséquent ne dessinaient ni les uns, ni les autres la rosette caractéristique,

Rev Suisse DE Zoo. TL. 25. 1917.

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l'enveloppe est normalement acuminé (fig. 22), et que la face ventrale, à pellicule très mince, ou bien s'étale largement pendant la reptation de l'animal, ou bien se ramasse, se plisse etse creuse par-dessous (fig. 19). L’enveloppe, enfin, est très claire, incolore dans sa généralité, verdâtre ou jaunâtre sur le dos.

(Quant au corps protoplasmique, il est identique, en somme, à celui de la Corycia radiata : noyau central ou subcentral, mais ici relativement plus gros ; vésicules contractiles en nombre variable et faisant couronne sur l'ectoplasme. Jamais dans le cours de mes recherches les pseudopodes n’ont fait leur apparition.

La taille est un peu plus forte que dans l’espèce précédente, variant de 28 à 35 u. J'ai constaté à cet égard que, dans telle ou telle station précise, le diamètre moyen des individus pré- sentait des différences assez sensibles avec ce même diamètre considéré dans une autre station. C’est ainsi qu’à Onex, dans des Mousses touffues faisant pelote sur les branchages d’une haie, presque tous les individus mesuraient 40 y.

La Corycia tessellata n’est pas très rare; on peut s'attendre à la trouver dans toutes les Mousses des bois, des murs et des haies ; et si elle n’a pas élé décrite encore, c’est que les Pro- tozoaires muscicoles, ou en tout cas les plus petits d’entre eux, n'ont pas été très étudiés jusqu'ici.

Corycia physalis n. sp. (Fig. 24, 25, 29 et 30.)

C’est encore une Corycie du même type que la précé- dente, à enveloppe pourvue dans sa portion dorsale d’arêtes de renforcement ; mais en dépit d’une ressemblance générale qui à première vue semblerait autorisér à réunir ces deux formes en une seule, nous avons bien ici quelque chose de spécifique- ment différent.

La taille est beaucoup plus forte, variant presque toujours entre 55 et 60, même 65 p; le dôme est plus large, à convexité

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moins accusée. Il n'existe pas ici d'apparence de rosette, et le dessin que figurent les arêtes caractéristiques est tout différent. Dans le cas le plus typique (fig. 24), nous avons quatre arêtes ou côtes principales, étroites mais bien marquées, qui, partant du sommet, divisent la coupole dorsale en quatre segments égaux, un peu comme les baleines d’un parapluie ou les nervu- res du calice accrescent du Physalis alkekengi, puis, à une distance déja assez éloignée du point central, on voit naître, sur une ligne médiane entre les arêtes principales,